Quelques minutes après minuit, de Patrick Ness - L'édition du film
Publié le 10 Juillet 2017
Après avoir vu l'excellent film de Juan Antonio Bayona, j'ai eu envie de découvrir l'histoire écrite. Une très bonne idée à posteriori. Quelques minutes après minuit (A monster calls), est disponible en trois formats, je me suis laissé tenter par l'édition du film, qui comprend le roman original de Patrick Ness, illustré par Jim Kay (ne pas manquer d'aller regarder son magnifique travail d'artiste sur son site), plus un dossier sur l'aventure cinématographique de Quelques minutes avant minuit.
Avec Quelques minutes après minuit, nous sommes dans la plus pure tradition du récit initiatique. Ici, il n'y pas de fin joyeuse, pas d'embrassades ni de rires rassurants. Mais il y a un jeune garçon devenu « grand » par la force des choses. Par la force de la vie.
Au fond, même cette grand-mère – interprétée par une Sigourney Weaver tout en retenue –, que l'on pense revêche et sans cœur, est elle aussi touchée dans sa chair par le malheur venu frapper à la porte de cette maison. Car le lecteur finit par comprendre que cette froideur qu'elle porte comme un étendard, c'est sa façon à elle de se prémunir contre le désarroi, et qu'elle tente par là même de rester dans le contrôle de soi afin de guider au mieux la barque de cette famille en train de se briser sur les falaises dangereusement escarpées de la vie. Le tribu de la maladie ne se calcule pas en regard de l'âge ni de quoi que ce soit d'autre. Il faut payer, et voilà tout. C'est en ce sens que Quelques minutes après minuit a plusieurs niveaux de lectures.
"Sa maman à lui était sa fille à elle. Et elle était pour eux deux la personne la plus importante au monde. Et ce n'était pas rien d'avoir ça en commun." (p. 214)
À la lecture, j'ai noté que le film était resté très fidèle au roman. Plus tard, lisant le dossier du film, j'ai appris que Patrick Ness était l'auteur du scénario. J'ai aimé découvrir ses impressions quant à ce travail qu'il n'avait jamais fait.
La réalité dramatique de la maladie de Lizzie, la mère de Conor, est très bien rendue, très juste. Pour la temporiser, il y a la narration du monde fantastique peuplé de contes que Conor s'est construit et dans lequel il tente de s'évader. En vain. Le réel ne se laisse jamais leurrer bien longtemps. Les trois contes ont un rôle précis. Leur langage symbolique aide Conor à s'acheminer tout doucement vers cette vérité qui lui est intolérable. Ils temporisent également la dureté du sujet. Le quatrième conte, le plus douloureux, mais aussi le plus salvateur, contient la clé de l'énigme posée par le monstre. Quelques minutes après minuit, n'est pas un livre sur le chagrin, mais sur la tristesse et la colère, explique l'auteur. Il n'empêche qu'il a su me tirer des larmes de chagrin, ce que n'était pas arrivé à faire le film. Et Dieu sait si tous les acteurs étaient merveilleusement justes dans leur jeu !
"Les histoires sont les choses les plus sauvages de toutes, gronda-t-il. Les histoires chassent et griffent et mordent." (p. 49)
« Mais qu'est ce qu'un rêve Conor O'Malley ? dit le monstre en se penchant pour rapprocher son visage de celui du garçon. Qui peut dire que ce n'est pas tout le reste qui est un rêve ? » (p.40)
Quatrième de couverture :
Depuis que sa mère est malade, Conor redoute la nuit et ses cauchemars. Quelques minutes après minuit, un monstre vient, qui apporte avec lui l'obscurité, le vent et les cris... Une histoire bouleversante qui sait toucher le cœur des lecteurs de tous âges.
Résumé suivi des immanquables blurb :
« Fascinant... Puissant et remarquable. » Philip Pullman
« Patrick Ness est un écrivain absolument magnifique. » John Green
Recommandé par l'éditeur à partir de 12 ans. Ce qui ne veut pas dire que les adultes doivent se priver d'un texte aussi joli qu'émouvant. Bien au contraire 😉
Le livre de Patrick Ness, magnifiquement illustré par Jim Kay, a été récompensé par de nombreux prix, dont la Kate Greenaway Medal – équivalent du Goncourt au Royaume-Uni –, qui, fait rarissime, a été décernée à la fois à l'auteur et à l'illustrateur.
Pour finir, je me dois de signaler une incohérence de traduction p. 274 ; c'est Lizzie qui se trouve sur l'épaule du monstre, et non l'inverse.
©Marguerite Rothe 2017
Ce que dit l'éditeur
- La naissance du roman
Quelques minutes après minuit est le résultat d’une ébauche et d’un début de ce qui aurait été le cinquième roman de Siobhan Dowd. Mais, décédée prématurément d’un cancer du sein, le temps a manqué a cet auteur de romans pour jeunes adultes. Lorsqu’on demande à Patrick Ness s’il pouvait écrire un livre à partir de ce travail sommaire, celui-ci hésite. Il ne voulait pas écrire une roman qui imiterait la voix de Siobhan Dowd. Et on le comprend aisément. Mais comme il l’explique lui-même en préambule du livre : « l’intérêt des bonnes idées, c’est qu’elles en engendrent d’autres. ». Voilà comment est né Quelques minutes après minuit.
- La grande aventure du film
Découvrez également la grande aventure du film : interviews des acteurs, témoignage du réalisateur Juan Antonio Bayona, révélations sur la création du monstre et les effets spéciaux, photographies et dessins inédits commentés par Jim Kay. Une édition exceptionnelle qui dévoile les coulisses du tournage.
Avec : Lewis MacDougall (Conor) - Sigourney Weaver (la grand-mère) - Felicity Jones (la mère) - Toby Kebbell (le père) - Liam Neeson (le monstre)
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