Un jaguar, un aigle, l’ONU, et le Centre Rockefeller...

Publié le 8 Février 2022

Illustration du journaliste Guy Boulianne - Clic-image pour accéder à son site

La chimère des créateurs Jacobo et Maria Angeles, pompeusement intitulée – dans une Novlangue quasi parfaite – « Gardien de la paix et de la sécurité internationales », trône désormais devant le siège des Nations Unies à New York. Cette installation, qui semble avoir été programmée pour durer dans le temps, a provoqué un grand intérêt sur les réseaux sociaux. En effet, l'aspect de l'objet, son titre, l'emplacement géographique déterminé pour l'exposer, et plus encore, les circonstances socio-politiques mondiales actuelles, avaient de quoi alimenter autant les doutes que les rumeurs. Par ailleurs, quelque chose me dit (mon petit doigt ?), que ces oeuvres ont été commandées. J'y reviendrai plus bas.

Selon les artistes, il s'agit d'une oeuvre composée de deux pièces : un jaguar et un aigle, nommés « Les Gardiens ». Deux sculptures monumentales, promues dans un premier temps au Rockefeller Center.

 Ces deux figures monumentales font partie de la narration de la collection « Nomades ».

Voilà ce qui est expliqué au public sur le site dédié à ces oeuvres (traduit avec DeepL) :

« Le tandem Jacobo e& María Ángeles a créé deux "Gardiens" qui vivent à New York et ont pour mission d'accompagner et de protéger tous les migrants latino-américains, mexicains et oaxaquéniens qui vivent ou sont sur le point d'arriver aux États-Unis à la recherche d'un avenir meilleur pour leur famille.

Comme leur nom l'indique, ils gardent tout ce qui est cher à la tribu : ses traditions, ses coutumes et son identité culturelle. Ils sont chargés d'assurer la sécurité dans toutes les guerres et les adversités que les nomades traversent au cours de leur voyage, protégeant l'essence que chaque membre de la communauté porte en lui : les guerriers, les tonas, et les guides qui conduisent le pèlerinage.

Ensuite, est détaillée la symbolique des deux sculptures : 

« Le Jaguar est prudent et stratégique,
il se bat pour son troupeau le jour
et il est vigilant la nuit.

« Tandis que l'aigle, avec sa force de vol,
garde les yeux sur l'horizon, vers le futur,
pour sauvegarder l'avenir de la tribu. » 

Ce que dit le créateur : 

« Dans la culture zapotèque, nous avons vingt animaux et nous croyons qu'ils nous protègent, et il y en a trois de pouvoir que nous avons voulu apporter pour ce moment spécial : le jaguar, qui est l'animal terrestre, l'aigle, qui représente le pouvoir visuel, et le serpent, représenté dans la queue de l'aigle, qui peut vivre dans trois mondes", a déclaré le sculpteur oaxaquénien Jacobo Ángeles. » ici (traduit avec DeepL)

Que sont les tonas et les nahuals ?

 

Dans la culture mexicaine, le nahual est un animal fusionné avec un humain. Le nahual est un protecteur qui définit votre personnalité en fonction de l'année et du jour de votre naissance. Les tonas, au nombre de vingt, sont des animaux qui représentent le calendrier zapotèque. Dans tout l'État de Oaxaca, de nombreuses familles produisent des Alebrijes [...]  Les alebrijes sont fabriqués avec différents types de papier ou de bois sculptés et peints avec des couleurs gaies et vives, représentés par des jaguars, des tigres, des sirènes, des chats et des nahuales. Bien qu'ils puissent désormais être élaborés par plusieurs techniques, cette communauté se distingue par l'utilisation de la sculpture sur bois, un savoir-faire transmis de génération en génération.

L'État de Oaxaca est surtout connu pour ses peuples et cultures indigènes. Les plus nombreux et les plus connus sont les Zapotèques et les Mixtèques [...] Les Zapotèques se nomment Ben 'Zaa, ce qui signifie "le peuple des nuages", car ils croyaient que leurs ancêtres venaient du ciel et fusionnaient avec des animaux et des formes humaines. Ils vivaient dans les hautes terres du sud de la Méso-Amérique centrale, en particulier dans la vallée de Oaxaca, qu'ils ont habitée de la fin de la période préclassique à la fin de la période classique (500 avant J.-C. - 900 après J.-C.). Source (Traduit avec DeepL)

Qu'est-ce que la collection « Nomade » ?

 

Ce jaguar et cet l'aigle monumentaux, font partie de la narration de la collection « Nomades ».

« Nomades » est une collection qui représente trois années de travail et d'efforts. Elle présente une vision d'un futur dystopique où la science fusionne avec les croyances ancestrales zapotèques, expérimentant génétiquement des êtres humains avec des caractéristiques animales pour leur donner une plus grande longévité, résistance et adaptation à la terre afin de faire face aux adversités que la migration apporte. » 

Partie dans le trip « Art populaire », j'avoue qu'en lisant ça, je suis un peu restée sur les fesses. Mais pas trop. La pieuvre ne fait rien au hasard. Et, surtout, elle communique par symboles. Ce machin effrayant déposé devant l'Organisation des Nations Unies en étant la énième preuve. D'ailleurs, pourquoi dire que c'est un jaguar ? J'ai cherché, via Google-image, si l'atelier Jacobo & María Ángeles avait déjà crée ce type d'animal. Et j'ai bien trouvé quelques jaguars, mais sans ailes.

J'ai ensuite cherché un aigle semblable à celui de l'exposition du Rockefeller Center (expo qui a eu lieu du 23 octobre, au 2 novembre 2021). Je n'en ai trouvé qu'un seul. En tous point identique à celui de l'expo, mais peint différemment ; sa photo a été postée sur le site Foursquare.com en 2018.

Je trouve ça bizarre, je pensais que les oeuvres de l'atelier Jocobo & Maria Angeles étaient uniques. Peu importe, il doit y avoir une réponse, mais celle-ci ne m'est pas accessible pour l'instant. 

Leur symbolisme

 

Le jaguar

Dans l'ancien Mexique, le jaguar, un chasseur féroce et courageux, était le symbole des guerriers d'élite aztèques, les "Jaguars", car le jaguar était la plus grande bête de proie.

Il s'agissait d'une figure animale cultuelle et chamanique associée aux cérémonies de sacrifice et aux offrandes au dieu jaguar et au dieu aztèque des guerriers. Le dieu Tezcatlipoca ("Miroir fumant", en nahuatl) est représenté sous la forme d'un jaguar avec un aigle à ses côtés et l'empereur aztèque avait un trône en plumes d'aigle et en peau de jaguar.

Le jaguar était également le symbole du 14e des 20 signes diurnes du calendrier aztèque et était même aligné avec l'aigle et appelé le "jaguar des cieux". Les dieux et les rois portaient les peaux et les plumes des animaux sacrés comme symboles de leur statut.

L'aigle

"Quauhtli" (aigle) est le 15e des 20 jours du calendrier aztèque, un symbole exprimant les qualités guerrières chez ceux qui sont nés sous ce signe, mais le signe signifie aussi une tendance au pillage et au vol. L'aigle, symbole de puissance, figurait également dans l'insigne de la capitale aztèque Tenochtitlan.

Comme l'aigle qui s'élève pour fondre sur sa proie, le soleil fait de même ; il s'élève, puis descend en piqué et disparaît enfin. L'aigle symbolisait le plus grand oiseau, qui était sans peur, puissant et courageux, tout comme l'homme le plus courageux. Cet oiseau était le symbole des guerriers. Source (anglais)

Pour revenir à nos sculptures monumentales, je n'ai pas pu trouver une représentation, même mythologique, d'un jaguar affublé d'une paire d'aile, pas plus que d'un aigle à quatre pattes. Animaux fantastique sortis de l'imaginaire de Jacobo & Maria Angels ? Ou, comme j'ai tendance à le penser, une commande de la Fondation Rockefeller ? 

Pourquoi évoquer un jaguar et un aigle, alors qu'il s'agit de la chimère de l'Apocalypse, et du griffon mythologique ? D'ailleurs, c'est la chimère de l'Apocalypse, qui trône devant l'ONU. Quant au griffon, assurément, il était bien à sa place devant la bâtiment du Rockefeller Center à New York. La guerre d'un côté, et la protection de l'argent de l'autre. Logique.

Griffon • Clic-image pour accéder au site d'exposition

« Griffon :
Hybride d'un lion et d'un aigle, le griffon était une créature puissante et majestueuse de la mythologie égyptienne et perse ancienne. Traditionnellement, les griffons étaient représentés avec le corps, la queue et les pattes arrière d'un lion, ainsi que la tête, les ailes et les serres d'un aigle. Cependant, il arrive que l'art des griffons présente les créatures avec les pattes avant d'un lion. Dans la légende, les griffons étaient les gardiens des grands trésors et des richesses. »

Il y a autre chose dans cette exposition qui a attiré mon attention. Des squelettes. Vous me direz : « Normal, ils font partie du folklore sud-américain. » Et vous aurez raison. Mais, je vois ça avec mes yeux qui sont en train d'assister, aujourd'hui, à une tuerie de masse perpétrée avec les injections de «VousSavezQuoi » ; aussi, quand j'observe les sculptures qui encadrent l'entrée du bâtiment Rockefeller, je ne peux m'interdire de mettre en relation ce que je vois avec ça. Je n'arrive pas à m'en empêcher. Avec leur manie des symboles, des chiffres, de la magie noire, ces malades nous disent tout ce qu'ils font. Et nous, on gobe. 

Mais ce qui m'interpelle le plus, c'est la chronologie de l'arrivée de ces oeuvres aux États-Unis. Pourquoi, si c'est un cadeau de l'État de Oaxaca, au Mexique, ont-elles été en premier lieu exposées au Rockefeller Center ? Qu'est-ce que le Rockefeller Center vient faire dans cette histoire ?

En vérité, l'ambassadeur de Mexico aux États-Unis, Esteban Moctezuma Barragán, s'est déplacé, pour l'occasion, le 23 octobre pour faire un petit discours

« En étant aujourd'hui ici, dit-il, au Centre Rockefeller, à New York, nous atteignons cet objectif que nous avons gagné la reconnaissance de notre peuple... »

Comme si le Centre Rockefeller était les États-Unis... Mais... c'est sûrement vrai. Il n'y a plus de présidents, nulle part. Du moins, en Occident. Il y a BlackRock et Vanguard, et derrière ce mur de pognon, Rockefeller et consorts. 

M.R

L'atelier Jacobo & Maria Angeles

 

« Il y a trente ans, notre ville San Martín Tilcajete n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui. La principale source

Jacobo et Maria Angeles

d'emploi était l'agriculture et rares étaient ceux qui s'adonnaient à la pratique de la sculpture sur bois. De plus, il y avait une forte tendance à l'émigration vers les États-Unis. Malgré ces circonstances, en 1994, l'atelier de Jacobo et María Angeles a ouvert ses portes avec le désir d'entreprendre et de sauver la pratique ancestrale de la sculpture des tonas et des nahuales. Petit à petit, l'atelier s'est agrandi et a développé le style particulier qui l'identifie, en perfectionnant toujours la technique de sculpture sur bois d'un seul tenant, toujours dans le but d'innover, de réinventer l'atelier et de travailler sous les valeurs de la communauté comme l'enseignement, le partage et la contribution.

Depuis ses débuts, l'atelier s'est engagé envers son environnement naturel et social et nous pouvons dire avec fierté que nous avons généré plus de trois cents emplois et que nous avons planté plus de dix-neuf mille copaliers dans notre région à ce jour.»  Source (anglais)

Art, architecture, culture Zapotec • Fichier PDF 46 Mo

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Rédigé par Marguerite Rothe

Publié dans #Les Arts, #Ciné • TV • Vidéos

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